Notre groupe est composé de femmes et d’hommes conscients de l’importance de l’école dans l’éducation.
Forts de nos expériences de parents, anciens élèves et membres des pouvoirs organisateurs d’écoles à pédagogie Freinet, mais encore d’éducateurs et d’enseignants impliqués, notre groupe travaille à l’élaboration d’Humanités générales à pédagogie Freinet.
Cette école autogérée par les différents intervenants de la communauté scolaire, sera libre, pluraliste et gratuite.
Elle est située à Genval en Brabant Wallon. Elle est accessible en transports en commun.
Elle s’inscrit pleinement dans le décret missions et en particulier dans ses quatre objectifs généraux, à savoir :

  • 1° Promouvoir la confiance en soi et le développement de la personne de chacun des élèves;
  • 2° Amener tous les élèves à s’approprier des savoirs et à acquérir des compétences qui les rendent aptes à apprendre toute leur vie et à prendre une place active dans la vie économique, sociale et culturelle;
  • 3° Préparer tous les élèves à être des citoyens responsables, capables de contribuer au développement d’une société démocratique, solidaire, pluraliste et ouverte aux autres cultures;
  • 4° Assurer à tous les élèves des chances égales d’émancipation sociale. Le choix pédagogique.

Notre groupe se base sur la pédagogie de Célestin Freinet (1896-1966), instituteur pédagogue français qui est à l’origine de l’éducation populaire.
Ancien blessé de guerre, il inscrit sa vision éducative et ses pratiques dans une perspective politique pacifiste.
Ses valeurs d’humanisme, de solidarité et de confiance en la vie participent à son ferme espoir de créer une société plus juste.
Dans la continuité de Célestin Freinet qui échangeait des pratiques avec ses contemporains tels que Montessori et Decroly, nous nous inspirons également des courants pédagogiques passés, actuels et en développement qui peuvent questionner, compléter et enrichir notre démarche.
L’ensemble des techniques Freinet, en évolution constante, permet au groupe classe lui-même de créer sa propre réalité.
C’est au départ de cette réalité construite et devenue un véritable laboratoire, que prend corps l’élaboration d’un questionnement et par conséquent les apprentissages individuels et collectifs relatifs à tous les domaines de la vie (cognitifs, artistiques, manuels, sociaux…).

Ces techniques sont notamment l’identification d’un cadre d’apprentissage, le tâtonnement expérimental (démarche naturelle d’apprentissage et d’action), la vie coopérative (manifestation d’une démocratie effective), l’expression libre sous toute forme de communication et autres échanges, le travail individualisé.

Ces techniques stimulent le désir d’apprendre, l’envie de découvrir et de se construire de manière active.

Dans cet perspective, les évaluations favorisent l’auto-évaluation et l’engagement de l’élève dans le processus d’apprentissage.

Dans un esprit de coopération, opposé à celui de compétition, la remédiation et le tutorat entre élèves sont favorisés de manière complémentaire à l’accompagnement offert de manière individualisée par les enseignants.

S’ils sont les garants du cadre, les enseignants sont aussi et surtout des accompagnateurs, des guides et des facilitateurs.
Ils détectent les difficultés des élèves et développent des pratiques pédagogiques individualisées.
Les enseignants sont des partenaires actifs du projet pédagogique.

Ils disposent d’une large marge d’autonomie propice à l’innovation. Seuls, en collaboration avec les enseignants d’une même discipline ou en collaboration interdisciplinaire, ils élaborent des projets, des méthodes, des outils et des supports destinés à mobiliser les élèves et à donner du sens aux apprentissages.
Ils présentent les objectifs des activités pédagogiques de manière explicite pour que chaque élève puisse en comprendre les enjeux (et favorisent ainsi la confiance et la mobilisation).
Les élèves et les enseignants ne sont pas les seuls à être actifs. Les parents ont également une place dans l’école en tant que partenaires privilégiés. Ils sont invités au sein de l’école lors de réunions individuelles ou collectives tout au long de l’année.

Le projet

L’esprit de continuité

Le jeune de douze à dix-huit ans ayant ses racines dans le fondamental et ses branches dans les études supérieures ou la vie professionnelle, notre école mettra tout en oeuvre pour faciliter sa transition entre les deux dernières années de l’enseignement primaire et la première phase de l’enseignement secondaire, ainsi qu’entre le troisième degré et l’entrée dans les études supérieures ou la vie professionnelle.
Entre ces deux périodes, les humanités secondaires tiendront compte du jeune dans son évolution en continuité.

Un tronc commun jusqu’en fin du second degré

Le projet se fonde sur un tronc commun jusqu’en fin du second degré avec une formation générale, polytechnique, sportive, artistique et culturelle.
Le fait de garantir un enseignement semblable pour tous jusqu’à 16 ans renforcera l’égalité des chances de réussite pour chacun(e). Transdisciplinarité et transversalité.

Contribuant à l’éducation globale de l’élève, les compétences disciplinaires seront, dans la mesure du possible, abordées dans leur transversalité dont l’art consiste à pouvoir repérer dans des situations non familières, des similitudes avec des situations connues, pour y adopter des comportements nouveaux.
Dans le cadre de la formation commune et optionnelle, l’école veillera à appliquer une attitude transdisciplinaire, posture scientifique et intellectuelle et également composante de notre réalité quotidienne qui se situent à la fois entre, à travers et au-delà de toute discipline. Cette attitude permettra d’acquérir des compétences tant dans les cours que dans les autres activités éducatives et, de manière générale, dans l’organisation de la vie quotidienne à l’école.

Ouverture sur l’extérieur

Notre école se définira également par une attitude d’ouverture et d’échange avec son environnement local et international. Elle sera un acteur de la vie sociale et culturelle. Afin d’enrichir et de partager ses pratiques pédagogiques, elle accueillera des enseignants extérieurs et de futurs enseignants intéressés par le projet d’établissement.
La proximité d’un centre d’accueil de Fedasil dans la même commune devrait favoriser cet esprit d’ouverture.

Pour que l’adolescent transpose ses acquis scolaires dans des situations extra-scolaires (sociales puis professionnelles) l’École plurielle fonde son dispositif pédagogique sur

L’autonomie

Elle se retrouve au travers des activités personnelles d’apprentissage, de recherche, de création, d’expérimentation, ainsi que dans la gestion d’un contrat de travail personnel et coopératif.

La responsabilisation

Rendue possible par la mise en place de fonctions d’entraide, d’équipes et de groupes de travail au sein de la classe. La prise en charge du fonctionnement de la classe pour les apprentissages est encadrée par l’enseignant.

L’esprit de coopération et vie coopérative

Elle se vit à chaque instant par le partage des tâches et la solidarité. L’élève apprend par lui-même, aidé par les autres. La vie coopérative est opposée à la compétition individuelle. Elle permet à l’élève d’être autonome, responsable, d’apprendre les règles de vie en société.
Les membres du groupe sont amenés à gérer leurs projets, organiser leur travail, réguler les conflits.
Ces options se conjuguent à tous les degrés de l’enseignement et s’appliquent également aux organes de gestion de l’école (direction, personnel de l’école et parents).

La sociabilisation

La classe est un lieu de vie avec ses règles élaborées par le groupe, qui reconnaissent à chacun droits et devoirs et qui protègent les individus.

Les apprentissages personnalisés

La pédagogie Freinet prend en compte les rythmes individuels d’apprentissage. A cette fin, l’élève utilise des outils spécifiques : fichiers autocorrectifs, livrets, logiciels (non exhaustif). Il peut également accéder à ses apprentissages au travers des projets personnels ou collectifs.

L’ouverture sur la vie

L’élève qui vient à l’école apporte avec lui son vécu, ses expériences, son savoir. Mais aussi ses questions, ses curiosités. Il cherche, avec les autres, les réponses dans de nombreux documents mis à sa disposition dans ou hors de la classe.
Il échange ses travaux avec d’autres écoles, dans des journaux scolaires édités par les classes, en correspondant avec d’autres par tous moyens.

Le tâtonnement expérimental comme méthode « naturelle »

Le savoir ne peut être transmis unilatéralement par le maître qui sait, à l’élève qui ignore. L’élève, en partant de ses connaissances et centres d’intérêt, acquiert d’autres savoirs en même temps qu’il met en place une méthode de recherche, des démarches d’acquisition, un esprit critique, d’analyse et de synthèse.

La gestion coopérative

Les élèves

L’école sera un lieu au sein duquel les élèves vivront et expérimenteront la démocratie. A cette fin ils seront pleinement associés, en « co » et « auto » gestion à la vie coopérative de l’école, dans toutes ses dimensions.
Cette participation à la prise en charge individuelle et collective de leur formation et de leur cadre de vie constituera une véritable éducation à la citoyenneté.
Ils acquerront de la sorte le sens des responsabilités et l’esprit de solidarité nécessaire à la vie de toute collectivité.

L’équipe institutionnelle

Elle travaillera en concertation, dans un esprit d’ouverture et de tolérance, avec tous les acteurs de l’école.
Elle veillera à offrir l’ouverture nécessaire à toutes les facettes d’une société moderne : la culture, le développement corporel, l’accès de tous aux nouvelles technologies, la compréhension d’un monde citoyen, responsable, dans sa complexité technologique, sociale, politique et culturelle.

Les parents

Notre école sera ouverte à une participation large de la part des parents, dans l’apport d’expériences, de témoignages externes au monde de l’école, le développement de projets ponctuels extra-scolaires ou dépassant le cadre de l’école.

Le conseil de participation

Il sera un outil indispensable à l’intégration des parents dans l’élaboration, l’évaluation, l’évolution constante du projet pédagogique. « Ce n’est pas avec des hommes à genoux qu’on met la démocratie debout ». Célestin Freinet

Les Invariants pédagogiques de Célestin Freinet

1 : L’enfant est de la même nature que nous.
2 : Être plus grand ne signifie pas forcément être au-dessus des autres.
3 : Le comportement scolaire d’un enfant est fonction de son état physiologique, organique et constitutionnel.
4 : Nul – l’enfant pas plus que l’adulte – n’aime être commandé d’autorité.
5 : Nul n’aime s’aligner, parce que s’aligner, c’est obéir passivement à un ordre extérieur.
6 : Nul n’aime se voir contraint à faire un certain travail, même si ce travail ne lui déplaît pas particulièrement. C’est la contrainte qui est paralysante.
7 : Chacun aime choisir son travail, même si ce choix n’est pas avantageux.
8 : Nul n’aime tourner à vide, agir en robot, c’est-à-dire faire des actes, se plier à des pensées qui sont inscrites dans des mécaniques auxquelles il ne participe pas. 9 : Il nous faut motiver le travail.
10 : Plus de scolastique.
10 bis : Tout individu veut réussir. L’échec est inhibiteur, destructeur de l’allant et de ‘enthousiasme.
10 ter : Ce n’est pas le jeu qui est naturel à l’enfant, mais le travail.
11 : La voie normale de l’acquisition n’est nullement l’observation, l’explication et la démonstration, processus essentiel de l’École, mais le tâtonnement expérimental, démarche naturelle et universelle.
12 : La mémoire, dont l’École fait tant de cas, n’est valable et précieuse que lorsqu’elle est vraiment au service de la vie.
13 : Les acquisitions ne se font pas comme l’on croit parfois, par l’étude des règles et des lois, mais par l’expérience. Étudier d’abord ces règles et ces lois, en français, en art, en mathématiques, en sciences, c’est placer la charrue devant les boeufs.
14 : L’intelligence n’est pas, comme l’enseigne la scolastique, une faculté spécifique fonctionnant comme en circuit fermé, indépendamment des autres éléments vitaux de l’individu.
15 : L’École ne cultive qu’une forme abstraite d’intelligence, qui agit, hors de la réalité vivante, par le truchement de mots et d’idées fixées par la mémoire.
16 : L’enfant n’aime pas écouter une leçon ex cathedra.
17 : L’enfant ne se fatigue pas à faire un travail qui est dans la ligne de sa vie, qui lui est pour ainsi dire fonctionnel.
18 : Personne, ni enfant ni adulte, n’aime le contrôle et la sanction qui sont toujours considérés comme une atteinte à sa dignité, surtout lorsqu’ils s’exercent en public. 19 : Les notes et les classements sont toujours une erreur. 20 : Parlez le moins possible.
21 : L’enfant n’aime pas le travail de troupeau auquel l’individu doit se plier comme un robot. Il aime le travail individuel ou le travail d’équipe au sein d’une communauté coopérative.
22 : L’ordre et la discipline sont nécessaires en classe.
23 : Les punitions sont toujours une erreur. Elles sont humiliantes pour tous et n’aboutissent jamais au but recherché. Elles sont tout au plus un pis-aller.
24 : La vie nouvelle de l’École suppose la coopération scolaire, c’est-à-dire la gestion par les usagers, l’éducateur compris, de la vie et du travail scolaire.
25 : La surcharge des classes est toujours une erreur pédagogique.
26 : La conception actuelle des grands ensembles scolaires aboutit à l’anonymat des maîtres et des élèves ; elle est, de ce fait, toujours une erreur et une entrave.
27 : On prépare la démocratie de demain par la démocratie à l’École. Un régime autoritaire à l’École ne saurait être formateur de citoyens démocrates.
28 : On ne peut éduquer que dans la dignité. Respecter les enfants, ceux-ci devant respecter leurs maîtres est une des premières conditions de la rénovation de l’École. 29 : L’opposition de la réaction pédagogique, élément de la réaction sociale et politique est aussi un invariant avec lequel nous aurons, hélas ! à compter sans que nous puissions nous-mêmes l’éviter ou le corriger.
30 : Il y a un invariant aussi qui justifie tous nos tâtonnements et authentifie notre action : c’est l’optimiste espoir en la vie.

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