La pédagogie Freinet aujourd’hui – les principes fondamentaux
Coopération et vie coopérative
Elle se vit à chaque instant dans le partage des tâches et la solidarité. L’élève apprend par lui-même, aidé par les autres. La vie coopérative est opposée à la compétition individuelle. Elle permet à l’élève d’être autonome, responsable, d’apprendre les règles de vie en société. Les membres du groupe sont amenés à gérer leurs projets, organiser leur travail, réguler les conflits lors du conseil de coopérative. Ces options se conjuguent à tous les degrés de l’enseignement et même au niveau des adultes.
Responsabilisation et sociabilisation
Elles sont rendues possibles par la mise en place de fonctions d’entraide, d’équipes et de groupes de travail.
La classe est un lieu de vie avec ses règles élaborées par le groupe (dont l’enseignant) qui reconnaissent à chacun droits et devoirs et protègent les individus. En pédagogie Freinet, les élèves sont invités à se soutenir, à s’aider, plutôt qu’à être en concurrence.
Tâtonnement expérimental et méthode naturelle
Le savoir ne peut être transmis unilatéralement par “l’enseignant qui sait” à “l’élève qui ignore”.
L’élève, en partant de ses connaissances, acquiert d’autres savoirs en même temps qu’il met en place une méthode de recherche, des démarches d’acquisition, un esprit critique, d’analyse et de synthèse. Faire, se tromper et réussir permet progressivement de construire des connaissances et de développer des compétences basées sur l’interaction avec son milieu.
Ouverture sur l’extérieur
L’élève qui vient à l’école apporte avec lui son vécu, ses expériences, son savoir… mais aussi ses questions, ses curiosités. Il cherche, avec les autres, les réponses dans de nombreux documents mis à sa disposition dans ou hors de la classe. Il échange ses travaux avec d’autres écoles, dans des journaux scolaires édités par les classes, en correspondant avec d’autres par courrier ou par les technologies nouvelles de communication.
Apprentissages personnalisés
La personnalisation des apprentissages a pour objet d’aider l’élève à déterminer un projet de travail correspondant à la fois à ses besoins et à ses capacités, et de favoriser ainsi le développement de sa personnalité en faisant de lui l’agent principal de son éducation. Elle participe à l’apprentissage de la liberté, de la responsabilité et de l’autonomie.
Multiplicité des outils et des techniques
En pédagogie Freinet les outils et les techniques permettent de créer un milieu de vie qui suscite ou facilite la créativité, l’expression, la communication.
Pratiquer la pédagogie Freinet c’est avoir recours à des techniques permettant la libre recherche expérimentale, l’expression libre (écrite, orale, gestuelle, manuelle), le respect des rythmes individuels d’apprentissage. À cette fin, l’élève utilise des outils spécifiques : fichiers autocorrectifs, livrets, logiciels. Il peut également accéder à ses apprentissages au travers de projets personnels ou collectifs.
L’élève-auteur
La pédagogie Freinet est une pédagogie centrée sur l’élève. Celui-ci est considéré dans sa globalité avec sa personnalité, son histoire, sa propre culture, ses désirs, ses besoins.
La classe, rythmée par des temps de parole, s’empare des apports des élèves pour les transformer en pistes de travail, de découverte et d’apprentissage.
La pédagogie Freinet postule que l’élève peut devenir dans une large mesure auteur de ses processus d’apprentissage. Porté par la reconnaissance de ses pairs et la confiance du professeur, il prend le risque de la création et du travail parce qu’il en perçoit les avantages pour lui, et parce qu’il peut agir sur les conditions de ce travail, il en a la responsabilité devant le groupe. En pédagogie Freinet, l’élève-auteur va construire lui-même, ou contribuer à construire, les conditions de son apprentissage.
Il s’agit de l’aider à construire son savoir, de lui apprendre à apprendre et à créer au sein d’un groupe.
L’enseignant
En pédagogie Freinet, l’enseignant fonctionne autrement. Il se conçoit comme un aide, puisque c’est l’élève qui apprend au travers de ses activités. Cette fonction d’aide peut se décliner de diverses manières : par la construction et la gestion des dispositifs ; par l’accueil des demandes ; par des renvois individualisés ; par l’attention portée aussi bien aux cheminements collectifs qu’aux parcours de chacun ; par la simulation et l’étayage des prises de paroles individuelles et des échanges collectifs.
Une part importante du travail de l’enseignant réside aussi dans son rôle de garant : des apprentissages, de la sécurité, des dispositifs, des règles élaborées collectivement …
L’enseignant valide le travail envisagé, le modifie si besoin, suit, accompagne et oriente la réalisation, participe à l’évaluation globale du travail.
L’enseignant, présent et vigilant, essaie donc d’être à la fois celui qui écoute, propose, aide à se construire et à se dépasser.
d’après Dictionnaire de la pédagogie Freinet – Laboratoire de Recherche Coopérative de l’ICEM-Pédagogie Freinet (2018)
Célestin Freinet
Célestin Freinet (1896-1966) est le fondateur de la pédagogie qui porte son nom. Ses origines modestes ont fait de lui un homme militant, politiquement engagé. Pédagogue et enseignant, il transformera profondément l’école. Avec d’autres enseignants et son épouse Elise, il décida de penser une autre pédagogie pour construire une société plus juste où chacun trouverait sa place.
Tout au long de sa vie, il a œuvré pour une école « émancipatrice, coopérative, où l’enfant-auteur a toute sa place et qui permet une méthode naturelle d’apprentissage par tâtonnement expérimental ; une école où chacun est reconnu, accueilli, respecté, une école de l’égalité des droits ; une école ouverte à la vie et vers la vie ». (ICEM)
Cette pédagogie fondée sur l’expression libre des enfants et la coopération est aujourd’hui reconnue et pratiquée un peu partout dans le monde. Elle reste en perpétuelle évolution comme le souhaitait Célestin Freinet.